Guru est une société américaine qui propose à la base un système d’étude posturale. Leur système est utilisé chez nous par Energy Lab pour les athlètes professionnels et les particuliers qui veulent faire réaliser un vélo sur mesure ou plus souvent optimiser leur position sur le vélo. C’est le système utilisé par Sven Nys et Philippe Gilbert, entre autres. Depuis peu, Guru propose le même système aux marchands de vélos. L’idée est simple. Guru propose avec son hardware deux softwares, l’un est poussé et utilisé pour améliorer sa position (Bike Optimisation) et le second (Bike Finder) permet de trouver le vélo le mieux adapté à sa morphologie et sa pratique.
Le système Guru est composé d’une partie matériel/hardware : un vélo adaptable, mais pas n’importe lequel. Les adaptations sont automatisées et ce sont des moteurs qui changent la géométrie, la longueur et hauteur de potence. C’est caractéristique unique au vélo Guru qui le distingue de la concurrence. Ces changements s’opèrent pendant que le cycliste continue à rouler. Il n’y a plus de perte de temps à prendre sa clé allen pour changer la potence ou adapter la hauteur ou recul de selle. Le cycliste, en continuant à rouler remarque immédiatement si le changement de position lui convient mieux. De plus le vélo peut être effectivement incliné pour simuler une pente de 9%, ce qui permet de voir si on est assis confortablement en côte. L’avantage pour le revendeur est que cet essai est plus rapide qu’un essai d’un vélo sur le parking du magasin pour choisir sa taille ou voir si la position est adaptée.
Guru vend le vélo avec un package contenant l’ordinateur, la tablette Samsung qui sert de commande à distance, l’écran TV, la caméra et toute une série de composants (selles, cintres, …) pour adapter la position.

Les deux softwares sont également fournis. Le Bike Optimisation est plus poussé, tandis que le Bike Finder est un outil qui permet au revendeur d’aiguiller son client. rider-scan-for-webs
La procédure pour ce dernier est simple. Le cycliste se place face à la caméra qui prend les mesures en 3 secondes. L’intérêt est non seulement le gain de temps, mais l’uniformisation de la manière de mesurer et le fait de ne pas être intrusif, par exemple, pour mesurer l’entrejambe des femmes.
Le client choisit ensuite son type de vélo : course, VTT, trekking et même e-bikes. Les vélos de triathlon sont exclus car ils rentrent dans le programme Bike Optimisation. Guru encode les cotes (stack, reach) de tous les fabricants de vélos.

our-partners-softwareLe consommateur peut alors soit essayer virtuellement les positions de plusieurs vélos, essayer deux tailles d’un même vélo, faire modifier la longueur ou hauteur de potence d’un vélo de stock tout en restant sur le vélo de mesure. Le consommateur peut aussi se mettre sur le vélo et le fitter (personne qui guide le client) fait varier la position jusqu’à ce qu’il trouve la position idéale. Le programme va alors sortir les différents vélos qui correspondent à sa position (avec probablement des adaptations de potences ou selle). Bien entendu, le revendeur qui utilise le système limitera dans le programme uniquement les marques qu’il vend.
Le système est installé chez le revendeur et les employés qui vont l’utiliser sont formées pendant deux jours. Guru propose de nombreuses formations et mises à jour online, sans oublier des conseils pour faire connaître le service. Le coût est de 16.500€ plus une licence de 350€ par mois.

Le but du système est de permettre au consommateur d’acheter en confiance et d’avoir plus de certitude dans son choix. Pour le revendeur, Guru se veut être un instrument de vente, une manière de se différencier par rapport aux vendeurs sur Internet et d’autres grandes enseignes.

Nous avons posé quelques questions à Morten Kristiansen, General Manager de Guru Sports.
« Nous avons deux buts. Le premier serait d’être le Google de l’industrie du vélo pour aider le consommateur à trouver le meilleur produit. Le second serait d’être comme Intel, le meilleur processeur qui aiderait le revendeur à être plus performant. »
Quelle est la différence avec d’autres systèmes ?
« L’ajustement automatique de notre vélo est unique. Notre système est dynamique car le cycliste continue de rouler pendant l’adaptation des points d’appui. Notre analyse n’est pas statique et basée uniquement sur des chiffres. On veut rendre le système abordable et non élitiste. Le but est que le consommateur se sente mieux et plus heureux sur son vélo. Le but est d’être simple et de ne pas rendre le consommateur plus confus. On veut montrer que la prise de mesure n’est pas de la magie noire réservée à quelques initiés. Notre service est plus rapide et ne doit pas prendre deux heures dans le programme Bike Finder. Le Bike Finder prend entre 15 et 30 minutes, tandis que le Bike Optimisation prend plus d’une heure. »
Quelle est votre approche pour les femmes ?
« Nous avons mesuré beaucoup de femmes. Les différences avec les hommes sont insignifiantes au niveau morphologique. Mais les femmes ont moins de force et sont souvent novices dans le sport. De ce fait, elles vont adopter une autre position, mais un cadre adapté ne serait pas nécessaire. »
Quelle est votre idée d’une bonne géométrie ?
« 
Stack et reach sont pour nous les paramètres les plus importants d’une géométrie pour le bike fitting et pour une gamme de vélos. Quand on regarde le coprs, il y a une progression linéaire de l’anatomie avec la taille, cela devrait être la même chose pour le stack et reach, dans les tailles de vélos, il devrait y avoir une corrélation entre stack et reach. Il faut une évolution linéaire du stack et reach avec l’évolution des tailles de vélos. Chez certaines marques, on voit des évolutions bizarres, deux tailles différentes de vélos qui ont le même stack ou le même reach. C’est plus important que de parler de taille de vélo en terme de 46, 48 cm.  Le dealer peut montrer à quelqu’un qui voudrait le même vélo que Contador que la géométrie n’est pas adaptée à sa pratique. De la manière dont on prend les mesures, le système peut sortir deux tailles différentes d’un même vélo pour un consommateur, mais avec des hauteurs et longueurs de potence différences. Selon la pratique, le vélociste peut alors conseiller une taille plus petite que l’on pourra faire évoluer. »
Quelles sont vos ambitions ?
« Nous avons 150 dealers dans le monde (en ce compris les centres comme Energy Lab), dont 20 en Europe. Notre but serait d’avoir 30 en Europe en 2015 dont 5 vélocistes en Belgique. Ce sont les leader shops qui sont à la pointe. »

Nous avons justement posé la question à Jowan de Kluisbergen qui utilise le système depuis le mois de décembre.
« Il faut aimer faire les mesures, nous avions déjà utilisé d’autres systèmes auparavant et on a toujours fait des mesures depuis les débuts du magasin. Le temps pris dépend du client, mais le client veut toujours essayer beaucoup de choses, donc cela prend vite une heure. Il faut aussi avoir l’œil et disposer d’une certaine expérience pour voir quelque chose qui ne pourrait pas aller et que le programme n’aurait pas vu. »